Article de l’AFU, Association Française d’Urologie
DR. CHARLES-HENRY ROCHAT: 30 ANS D’ENGAGEMENT POUR LA FISTULE OBSTÉTRICALE EN AFRIQUE
En bref : le Dr. Charles-Henry Rochat est intervenu lors des JAMS pour tirer un premier bilan de plus de trois décennies en médecine humanitaire, autour de la prise en charge de la fistule obstétricale, une condition encore souvent méconnue et dévastatrice.
En 1993, Le Dr. Charles-Henry Rochat a été contacté par un médecin religieux, Frère Florent,à la recherche d’un urologue pour apprendre les opérations endoscopiques de la prostate. “Cette rencontre à l’hôpital Afangnan au Togo, a marqué un tournant dans ma carrière” dit-il, alors qu’il était engagé en médecine de guerre depuis quelques années déjà. Tout en poursuivant sa carrière de chirurgien urologue, il a commencé à former des médecins africains pour traiter des cas complexes et a créé un modèle de prise en charge à Tanguieta, au Bénin, où il soignait les patientes porteuses de fistules obstétricales lors de campagnes chirurgicales en lien avec des ONG locales pour le recrutement et le suivi à long terme.
Éviter à tout prix le “White Savior Complex”
Le médecin confie : “la dimension humaine et technique de la fistule obstétricale m’a profondément interpellé : ces femmes sont mises au ban de la société”. En 1996, il a organisé ses premières missions chirurgicales financées sur ses propres deniers. Les ateliers chirurgicaux ont également été mis en place pour former des médecins locaux, en mettant l’accent sur le compagnonnage, la sensibilisation, et l’apprentissage de la prise en charge des cas complexes. La recherche et la dimension scientifique n’ont pas été négligées : il fallait monter en compétence localement.
Le Dr. Rochat a établi des collaborations avec la faculté de médecine de Cotonou pour assurer une approche transparente et non intrusive. En 2008, il en a été nommé professeur associé établissant ainsi ainsi un réseau politico-scientifique pour pérenniser l’effort et éviter des interventions ponctuelles.
Pour surmonter les barrières financières le Dr. Rochat a adapté son approche en prenant en charge tous les frais d’hospitalisation grâce à des partenariats publics et privés.“nous ne pouvions pas faire supporter aux patientes et aux hôpitaux les coûts de nos interventions, ce n’était pas possible sur le long terme ”.
Au fil des ans, le Dr. Rochat a contribué à structurer la prise en charge de la fistule obstétricale au Bénin, a créé des manuels et a formé des médecins pour prendre le relais. Son engagement ne se limite pas à la chirurgie. “Nous nous sommes engagés dans la prévention, en sensibilisant dans les centres prénataux et en plaidant pour la gratuité des césariennes payées par l’État (150 euros, soit 2 à 3 mois du salaire minimum local)”
Le Dr. Rochat est convaincu que le soutien financier, le partage de matériel médical et la formation sont essentiels pour faire avancer cet effort. Il aspire à la création de centres d’excellence à ce que la fistule obstétricale devienne un sujet phare dans les hôpitaux, soutenu par des partenariats durables et une prise de conscience mondiale.
Comment l’aider ?
- Appui Financier : Les fonds sont nécessaires pour couvrir les coûts des opérations, des traitements post-opératoires et du suivi à long terme des patientes. Ces fonds peuvent également aider à éliminer les barrières financières pour les patientes défavorisées en offrant des soins gratuits ou à faible coût.
- Recouvrement de Matériel Médical : Le Dr. Rochat a souligné l’importance du matériel médical, y compris les équipements d’endoscopie tels que les cystoscopes, les caméras.. Donner ou financer ces équipements peut améliorer la qualité des soins et permettre aux médecins locaux d’effectuer des interventions plus efficaces.
- Soutien de Missions : Les missions médicales dans les zones rurales et les zones à faibles ressources sont essentielles pour fournir des soins spécialisés aux patientes atteintes de fistule obstétricale. Le soutien financier pour ces missions, y compris les frais de déplacement, d’hébergement et de matériel, peut contribuer à étendre l’impact de ces interventions.
- Partenariats et Réseautage : Collaborer avec des organisations, des universités et des ONG locales et internationales peut aider à renforcer les efforts pour éradiquer la fistule obstétricale. Les partenaires institutionnels et les réseaux politico-scientifiques peuvent apporter des ressources et une visibilité accrue.
- Formation des Successeurs : Investir dans la formation de médecins locaux est essentiel pour assurer la durabilité de l’effort. Soutenir les ateliers chirurgicaux et les programmes de mentorat peut permettre à davantage de professionnels de la santé de prendre en charge la fistule obstétricale.
Entretien réalisé en collaboration avec le Dr Charles-Henry Rochat, du centre d’urologie Générale-Beaulieu (Genève)
En savoir plus :
https://fistula-group.ch/
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