LA FISTULE OBSTETRICALE

La fistule obstétricale fait partie des causes majeures de mortalité maternelle parmi les populations pauvres du globe. Trop longtemps considérée, à tort, comme une fatalité, ce n’est que depuis une vingtaine d’années qu’elle a attiré l’attention et que des programmes de prévention et de traitement ont été lancés dans différents pays, d’Afrique et d’Asie essentiellement.

La fistule obstétricale est une lésion induite lors d’un travail prolongé, pendant l’accouchement, quand la tête de l’enfant est bloquée dans le petit bassin, comprimant les tissus de la vessie.

Lorsque l’enfant, le plus souvent mort, finit par être extrait, apparaît une communication entre les voies urinaires (ou plus rarement le rectum) et la paroi vaginale : c’est la fistule vésico‐ vaginale ou recto‐vaginale. Dès lors la femme, quand elle a survécu, va perdre ses urines, voire ses selles, jour et nuit. Rejetée par son mari et sa famille, stigmatisée par la société, elle va vivre une vie de paria, victime – comme si elle en était coupable – de préjugés culturels, recluse et honteuse.

Une pathologie jugée honteuse

Si elle ne meurt pas de complications, elle va survivre dans la misère et l’abandon. La fistule obstétricale n’arrive pas aux femmes riches, généralement mieux informées et suivies par la consultation prénatale, qui ont les moyens d’arriver à temps dans un centre hospitalier où une césarienne sauvera la vie de l’enfant et évitera tout risque de fistule. Elle arrive aux femmes les plus pauvres, qui cumulent les handicaps, analphabétisme, croyances ancestrales, manques de tout, échappant aux consultations prénatales qui permettraient d’anticiper les difficultés à venir et de bénéficier d’une césarienne à temps. Elles vont accoucher à genoux, dans la case où demeure l’esprit des ancêtres et souvent éloignées, voire même très éloignées de leurs propres domiciles, assistées d’une matrone qui s’en remet à Dieu et aux esprits.

La fistule obstétricale arrive aux femmes les plus pauvres qui échappent aux consultations prénatales et ne bénéficient pas de césariennes à temps.

Disparue du monde développé au début du XXème siècle, oubliée au point qu’elle n’est plus traitée lors de l’enseignement en gynécologie des facultés de médecine (sauf au Bénin où elle a été récemment réintroduite), la fistule obstétricale est pourtant une affection non seulement très pénible pour celles qui en sont affectées mais encore largement répandue en Afrique, en Asie et dans le Pacifique.

BJ - Bénin - Hôpital St Jean de Dieu. Photo © Nicolas Clauet.
Photo © Nicolas Clauet