Période : 01.01.2021 - 31.12.2021

Depuis 2020, la crise sanitaire n’épargne aucun continent, aucune région, aucun sexe, aucun pays. Mais certaines catégories de population déjà affectées par diverses calamités en tout genre subissent de façon plus violente encore ses effets.

C’est le cas des populations de la région de Tanguiéta, au nord du Bénin, celles qui fréquentent l’hôpital Saint Jean de Dieu avec lequel la GFMER et le programme Fistula Group travaillent depuis plus de 25 ans. Tandis que l’on démêle encore, après deux ans, les écheveaux de cette hydre des temps modernes, revient la crise sécuritaire, liée aux attaques de groupes terroristes qui ont désormais passé la frontière du Burkina Faso.

Ces crises sanitaire et sécuritaire réduisent drastiquement, voire annihilent les possibilités de consultations génératrices de revenus alors que parallèlement, les patients sans ressource augmentent, impliquant de renforcer davantage le fonds des indigents.

Une stratégie nationale se met en place, une avancée majeure

Cependant, sur cette tragique toile de fond s’édifie, au fil du temps, une stratégie nationale de prise en charge de la fistule obstétricale, ce qui montre que la ténacité dont nous faisons preuve, auprès des hommes et des femmes engagées dans cette lutte sans trêve contre la fistule, porte ses fruits.

Hier, la mise en oeuvre de la gratuité de la césarienne (en 2005), puis, l’accès aux soins, grâce à de vastes campagnes d’information et de sensibilisation. Aujourd’hui, l’établissement d’un point focal à Cotonou et la mise en place d’un numéro vert pour une meilleure répartition des cas et une harmonisation du travail de recrutement et de suivi des patientes avec les ONG. Une avancée majeure dont le programme Fistula Group qui en est un des acteurs-clé, se félicite. Mais l’effort d’éradication doit se poursuivre car la gratuité de la césarienne se limite encore à l’acte chirurgical et n’englobe ni les transports ni les médicaments, ce qui représente un frein évident pour les femmes les plus démunies. De même, la gratuité de la prise en charge des fistules obstétricales, des soins obstétricaux d’urgence ou l’accès universel à la planification familiale et aux soins de santé sexuelle et reproductive ne se sont pas encore imposés mais les idées cheminent…

Vers l’autonomie des projets

Une autre avancée que l’on pourrait souligner, c’est l’importance des projets de coopération Sud-Sud, une des priorités de Fistula Group : partage de connaissances et d’expériences, formation, transfert des savoirs : le réseau Fistula Group s’intensifie avec le temps permettant une coopération triangulaire efficace, des économies d’échelle, une meilleure viabilité économique des projets et une diffusion des savoirs plus intense. Dans ce rapport, il est beaucoup question de la relève et des jeunes générations qui devient à son tour formée et bientôt prête à transmettre. Les besoins financiers restent néanmoins très importants et les donateurs traditionnels demeurent encore en Suisse. Restons mobilisés !

C-H. Rochat
Genève, le 3 mars 2022