Date de publication : 22.05.2020
Publié par : Fistula Group
Catégorie : Actualités Fistula Group
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Le 23 mai célèbre la journée mondiale pour l’élimination de la fistule obstétricale. Un mal qui dérange autant qu’il ravage. Fistula Group en a fait sa mission prioritaire en axant ses actions sur la chirurgie, la formation de chirurgiens et la réinsertion des victimes. Constatant les inégalités entre les sexes et en matière de santé, le Dr Rochat et son « armée de médecins » se mobilisent également pour donner de la voix à cette frange de la population laissée pour compte et stigmatisée… surtout en temps de COVID-19.

Plus de deux millions de femmes sont victimes de fistule obstétricale dans le monde, 100 000 cas survenant chaque année. La fistule est en effet une lésion grave qui survient lorsqu’une femme, bien souvent très jeune et issue de milieux défavorisés, souffre de l’accouchement et n’a pas accès à la césarienne.

Double peine

Le plus fréquemment, le bébé meurt et si la mère survit, le tissu de la paroi vaginale est gravement endommagé. La jeune mère devient alors incontinente. Humiliée, indésirable et marginalisée, elle est bien souvent rejetée par son mari et victime de discrimination sociale plutôt qu’écoutée et prise en charge. Par la suite, dans la plupart des cas, les lésions entrainent d’autres problèmes médicaux chroniques. « Bien qu’une opération ne coûte que CHF 500.- seuls 2% d’entre elles auront accès à des traitements. Les soins sont en effet bien souvent méconnus ou inabordables, et le manque de chirurgiens qualifiés se fait cruellement ressentir » déplore le Dr Rochat.

Prévenir et guérir

« La fistule peut être d’une part évitée, et d’autre part traitée mais le nombre accru de victimes prouve les carences évidentes des systèmes de santé face aux besoins essentiels des femmes » poursuit-il. Disparue des pays développés, elle est pendant longtemps demeurée un sujet tabou. Néanmoins, depuis 2013, elle possède sa journée mondiale, l’incapacité des femmes à recevoir un traitement s’imposant comme une atteinte à leur dignité et une violation de leurs droits fondamentaux. La remise du Prix Nobel de la paix 2018 au Dr Denis Mukwege prouve aussi que le combat en faveur de l’élimination de la fistule obstétricale peut désormais occuper le devant de la scène.

L’impact de la pandémie de COVID-19

Cependant, les efforts consentis en matière de sensibilisation, pourraient bientôt laisser place à une recrudescence des cas compte tenu de la crise sanitaire actuelle. Selon l’UNFPA, l’agence directrice des Nations Unies en charge des questions de santé sexuelle et reproductive, les perturbations économiques et physiques causées par la maladie à coronavirus (COVID-19) pourraient avoir d’énormes conséquences sur les droits et la santé des femmes et des filles. Sur une période de six mois, dans les pays à faibles et moyens revenus, les diverses et importantes perturbations causées par les confinements pourraient empêcher 47 millions de femmes d’avoir accès à des contraceptifs modernes, ce qui provoquerait près de 7 millions de grossesses non désirées supplémentaires.

Dans de nombreux endroits, les structures de santé ferment ou limitent les services fournis. Là où les systèmes de santé sont débordés par les cas de COVID-19, le personnel de santé n’a pas toujours le temps ni l’équipement individuel de protection nécessaire pour assurer des conseils ou des services de planification familiale. Dans certaines régions, les femmes ne se rendent plus dans les structures de santé à cause des mesures de confinement ou bien par crainte de s’exposer à la COVID-19. De plus, les ruptures dans les chaines d’approvisionnement limitent la disponibilité des contraceptifs dans de nombreux endroits.

L’utilité d’une journée mondiale

La journée internationale pour l’élimination de la fistule obstétricale représente une opportunité d’informer la société sur les enjeux majeurs de la mobilisation. Les interventions chirurgicales, les ateliers de formation, les projets de réinsertion, le soutien aux médecins, aux hôpitaux et aux associations locales doivent permettre aux femmes de retrouver leur autonomie et leur dignité, un combat qu’il faut maintenir au premier plan de la conversation mondiale.

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Illustration : Séance d’information sur la fistule obstétricale menée dans des zones reculées du Bénin par une ONG locale soutenue par Fistula Group. Photo © Nicolas Cleuet