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L’Hôpital Saint‐Jean de Dieu de Tanguiéta a acquis au fil des années une telle notoriété que dans les faits, bien plus qu’un simple hôpital de zone, il joue le rôle d’un hôpital de référence pour tout le Nord du Bénin et attire de très nombreux patients de tout le pays, Cotonou compris, mais aussi du Burkina‐Faso, du Togo, du Niger et du Nigeria, d’autres pays plus éloignés encore.

L’Hôpital Saint‐Jean de Dieu de Tanguiéta, situé au nord du Bénin.

La qualité de l’accueil, des soins, de la gestion, mais aussi la succession de missions de spécialistes africains, européens, américains, de toutes sortes de spécialités médicales et chirurgicales contribuent à la réputation de cet hôpital et à celle de son directeur, Frère Florent.

La diffusion et le rayonnement du « Modèle de Tanguiéta »

Ce qui caractérise le modèle de soins prodigués à l’Hôpital Saint‐Jean de Dieu de Tanguiéta dans le domaine de la fistule obstétricale, c’est l’aspect global de sa prise en charge.

La problématique de la fistule obstétricale est complexe. Non seulement il s’agit d’une chirurgie difficile, qui nécessite une excellente technique pour parvenir à stopper les fuites urinaires, mais surtout, les patientes concernées, restent confinées à l’écart de tout système de soins: il faut donc les recenser, aller les chercher, les convaincre que le traitement est possible, les acheminer vers un centre spécialisé, assurer leur suivi post-opératoire à long terme et les aider à retrouver une vie familiale et sociale normale.

La réparation chirurgicale de la fistule n’a donc de sens que si elle s’inscrit dans une succession d’activités : dépistage, acheminement des cas lors des missions chirurgicales, prise en charge complète pendant généralement un mois, voire plus, puis suivi des cas bien au-delà de la sortie de l’hôpital, sur le plan médical comme sur le plan social et psychologique. En parallèle du traitement proprement dit, il est également essentiel de former des chirurgiens, gynécologues et urologues nationaux pour faire face aux cas dans tout le pays et prendre peu à peu la relève.

Considérer la femme dans tout son parcours de vie

Cette vision globale considère la femme non pas comme un cas médico-chirurgical, mais bien la femme dans tout son parcours de vie, d’adolescente mariée et enceinte trop tôt, stigmatisée et culpabilisée par sa fistule, et qui ne profitera de sa guérison que si elle est pleinement réintégrée dans sa famille, dans la société et réhabilitée dans sa dignité.

Il s’agit ainsi d’un programme aussi bien médical que sanitaire au sens large, curatif et préventif, il s’agit aussi de justice sociale et d’éthique, donc de Droits de l’Homme.

Sur le plan pratique, une attention particulière est portée aux détails, à la sélection et à la préparation minutieuse des cas. Les équipes soignantes veillent à respecter des protocoles stricts pour les soins post-opératoires, à introduire de la physiothérapie ré-éducationnelle de la continence urinaire, et à organiser des contrôles ultérieurs.
 

Le « Modèle de Tanguiéta »

 
Le « Modèle de Tanguiéta » est l’aboutissement d’un concept de prise en charge globale des femmes souffrant de fistules, construit au fil des années et consistant en :

  • La recherche des cas, par l’intermédiaire d’ONG partenaires, principalement la fondation Claudine Talon ainsi que Essor pour le nord du Bénin et Sentinelles pour l’est du Burkina Faso, et leur acheminement vers l’hôpital pour une campagne de réparation.
  • L’accueil des patientes dans une structure «la maison des fistuleuses», proche de l’hôpital.
  • La mise à disposition d’un bloc opératoire équipé́ du matériel adéquat – ce qui suppose son renouvellement régulier.
  • Des sessions opératoires d’une dizaine de jours, deux à trois fois par année, durant lesquelles une trentaine de patientes sont opérées.
  • La présence, durant ces sessions, d’un expert entouré de chirurgiens venus apprendre ou perfectionner leur technique opératoire.
  • Une formation théorique complétant l’acquisition de la pratique.
  • La prise en charge complète des frais du traitement et de l’hospitalisation des patientes pendant un mois, voire d’avantage.
  • L’aide à leur réinsertion sociale et leur suivi à long terme.
  • Un travail en réseau avec les hôpitaux du pays, et en partenariat avec la Faculté́ de médecine et les organisations internationales telles que l’United Nations Population Fond (UNFPA) et l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS).
  • Toute une gamme d’activités d’information et de prévention au travers des radios rurales, de journaux locaux, d’agents communautaires villageois, de centres confessionnels ainsi que par l’initiative « Femmes pour femmes », assurant le transport gratuit en ambulance à celles qui peuvent payer une somme très modique.
  • Grâce à l’informatique et internet, une base de données répertoriant tous les cas.
  • Des articles de presse grand public pour attirer l’attention sur cette problématique.
  • Un volet scientifique: recherche et publications scientifiques, thèses de médecine, participation à des rencontres aux niveaux national et international.
  • Enfin, la recherche de fonds pour assurer et développer ce programme.

Recrutement des patientes par l’ONG Essor. Au premier plan Rafiatou BASSONGUI annonce une seance d’information et de dépistage. @Nicolas Cleuet